Voici l’introduction de ma chronique qui portera sur les enjeux des communautés LGBT+. Les articles de cette chronique seront composés à la fois de témoignages, de ma part et de celle d’autres personnes de la diversité sexuelle, mais également de questionnements et de critiques en lien avec les luttes actuelles, ainsi que d’éléments permettant de démystifier les différents types d’orientations sexuelles et d’identités de genres à des fins d’éducation populaire. Si vous désirez me donner des commentaires ou avez des questions en lien avec ma chronique, veuillez me contacter directement, cela me fera plaisir de vous répondre. Également, si vous voulez me témoigner de votre réalité personnelle en lien avec votre rôle dans la diversité sexuelle, vous pouvez également me contacter à ce sujet. Je fais toujours des consultations sur le sujet.
La honte est partout. La honte est dans les publicités qui omettent d’inclure des membres des communautés LGBT+, la honte est dans le regard que les gens lancent à deux femmes se tenant la main dans la rue, la honte est dans les relations d’amitiés détruites suite à un coming out tout simplement parce que certaines personnes ont peur de s’afficher avec des personnes des communautés LGBT+ par peur d’être perçu.e.s moins hétérosexuelles…
Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été attirée par les hommes et les femmes. Même si je savais à un certain niveau que j’étais bisexuelle, ou du moins que cette attirance existait en moi, je ne me suis jamais permis, auparavant, de trop y penser. Je pensais que ce ne serait pas acceptable ou accepté par les gens de mon entourage. C’est étrange, puisque je me suis toujours perçue comme étant une personne ouverte d’esprit. Je me suis toujours perçue comme quelqu’une qui se foutrait bien des étiquettes et de la haine biphobique et qui serait simplement elle-même avec toute l’authenticité que cela demande.
Suite à mon coming out, j’ai eu plusieurs réactions en lien avec le fait que j’avais enfin trouvé le courage de m’affirmer telle que j’étais; certaines positives, beaucoup négatives.
Je me souviens encore de la réaction d’une femme d’importance dans ma vie:
« C’est correct, la bisexualité je suis correct avec ça, mais peux-tu ne pas en parler quand tu es avec moi, ou en public, surtout en public en fait. Je ne voudrais pas que l’on pense que je suis bisexuelle, qu’est-ce que les hommes en penseraient ? Je ne voudrais pas que les hommes soient désintéressés par moi… »
Je n’ai jamais été aussi blessée que je le fus cette journée là. À ce moment, je commençai à ressentir la honte associée au fait d’être bisexuelle. Je commençai également à comprendre ce que cela signifiait que de faire partie des communautés LGBT+ dans le monde dans lequel nous vivons actuellement.
S’il y a un élément que j’aimerais ajouter en lien avec le fait de vivre d’une façon authentique et de vivre notre réalité comme nous l’entendons, c’est ceci; peu importe qui tu es, peu importe la façon que tu choisies de vivre ta propre réalité, il y aura toujours quelqu’un.e pour te montrer que tu es différent.e, que tu es marginal.e. Tu te sentiras probablement oppressé.e.s et marginalisé.e.s par la société puisque, bien que l’on ne soit plus dans les années 60, les communautés LGBT+ subissent encore de l’oppression provenant des préjugés culturels qui circulent dans notre société.
Je crois que la seule façon de prévenir cette honte et d’éviter de vivre notre sexualité comme si c’était de une faute, c’est de tout simplement réaliser que la honte que l’on ressent est uniquement ce que l’on introjecte de la société dans laquelle nous vivons.
Soyez fiers et fières de la personne que vous êtes, puisque cette personne est tout simplement merveilleuse, forte, authentique, sincère, courageuse et belle et ne mérite pas de ressentir toute cette honte. Allez trouver des personnes qui sont à la hauteur de qui vous êtes et ne regrettez jamais ceux qui ne le sont pas. Ces personnes ne vous méritent pas.
Depuis mon coming out, plusieurs personnes m’ont confiées être bisexuelles ou avoir des questions sur leur sexualité. Elles m’ont demandé ce qu’elles devraient faire en lien avec leurs questionnements, si elles devraient s’affirmer ou au contraire cacher ce côté de leur personnalité. La seule réponse que je pu leur donner fut la suivante; faites ce qui vous rend confortable et vous fait ressentir bien dans votre peau, peu importe les opinions des autres. Faites ce qui vous rendra le plus heureuses à tout compter.
Personnellement, j’ai fait mon coming out sur facebook. Oui, c’est un cliché, j’en suis consciente. À ce moment, je pensais que c’était la bonne façon, pour moi, de m’affirmer. J’ai commencé à m’affirmer comme bisexuelle auprès de mes parents. J’étais tellement stressée que j’en avais des difficultés à respirer. J’imagine qu’inhiber sa sexualité pendant autant d’années peut avoir cet effet. Je me souviens entre autres du coming out que j’ai fait à ma meilleure amie. J’étais tellement stressée qu’elle a dû me calmer et me rassurer. C’est à ce moment que j’ai réalisé que des coming out individuels étaient trop pour moi et qu’un coming out public était la bonne façon de faire, en ce qui me concerne.
Nous devons et pouvons tous et toutes choisir la façon que nous voulons faire un coming out, si nous désirons en faire un.
Récemment, j’ai réalisé que la journée de mon coming out, j’ai décidé de prioriser mon bonheur et mon bien-être et de m’aimer inconditionnellement. Je suis contente de l’avoir fait pour toutes les opportunités que j’ai pu saisir depuis et pour toutes celles que je pourrai saisir dans le futur à venir.