J’écris cet article dans mon bureau, entourée de photos de nouveau-nés. Je ne suis pas anti-enfants. Je le spécifie parce que cet article porte sur le documentaire «Maman? Non merci!» de Magenta Baribeau. C’est un phénomène encore tabou que de ne pas souhaiter avoir d’enfant.
Le documentaire explore la vie de femmes (c’est plus mal vu chez la gent féminine) et de quelques hommes (vasectomisés pour certains), au Québec et en France qui ont choisi de ne pas devenir parent. La diversité des propos, des âges et des raisons évoquées donne une grande richesse à ce documentaire. On présente même une femme qui a été child free (sans désir d’enfant) jusqu’à tard dans sa vie et qui explique que malgré sa grossesse, elle a un malaise quand les gens ne lui parlent que de maternité, puisqu’elle se définit par d’autres activités et projets qui lui tiennent tout autant à cœur.
À Bruxelles, pour faire écho à la fête des pères, la fête des mères et la fête des enfants, un groupe de Child free célèbrent la fête des non-parents depuis 2009 pour le plaisir de se retrouver entre personnes qui ont fait ce choix et de faire un pied de nez à la pression sociale. Un homme explique les différents courants de pensée: les dénatalistes font ce choix pour des raisons écologistes et considèrent qu’on devrait faire maximum deux enfants pour respecter la planète, les child free font un choix de pure liberté, et les antinatalistes sont des pessimistes croyant qu’il vaut mieux ne pas naître car le malheur nous rattrape toujours. On peut aussi être un mélange de ces catégories.
Au cours du documentaire, on explore différents préjugés. D’abord, le fait d’associer le non-désir d’enfants à de l’égoïsme. Un participant s’explique en disant qu’on est tous fondamentalement égoïstes, on cherche tous le bonheur, certain en faisant des enfants, d’autres autrement. Le besoin de donner ses gènes ne serait pas ressenti par tous et pourrait être vu comme un geste égoïste si on pousse notre raisonnement. À cette jeune femme à qui on dit: «Tu vas le regretter», elle répond: «Comment regretter quelque chose qu’on ne souhaite pas?» Et lorsqu’on lui dit le classique: «Tu vas changer d’idée», elle se sent infantilisée. Pourquoi ne serait-elle pas la meilleure personne pour savoir ce qui est bon pour elle? Au plus subtil, «Tu es bonne avec les enfants, tu devrais en avoir.», la femme répond qu’elle cuisine bien et ne souhaite pas devenir chef pour autant. On peut très bien aimer les enfants et ne pas en désirer. Concernant les visites durant la vieillesse, une personne âgée confirme que le réseau social ne tient pas uniquement en la famille et que plusieurs personnes âgées ayant des familles souffrent de solitude dans sa résidence. Elle parvient même à concilier croyances et avortement en disant que Dieu comprendrait son choix dans les difficiles circonstances où elle se trouvait.
Je le répète, l’idée de cet article n’est pas de convaincre les gens de ne pas avoir d’enfants, mais plutôt de faire connaître une autre réalité et que celle-ci soit, à défaut d’être comprise, respectée. Ne pas vouloir d’enfants n’est pas un affront, mais un simple mode de vie. Vive la diversité!