On peut le dire, le climat politique, économique et social a quelque chose de fétide en ce moment. Évidemment, personne n’oserait affirmer que c’était mieux avant, mais on dirait que cet automne, l’odeur est plus forte et plus tenace, certains diraient presque pestilentielle.
Les cicatrices de la crise de 2008 sont encore bien douloureuses, et déjà on craint que l’Europe ne nous entraîne dans un nouvel épisode de cette incessante succession de catastrophes humaines. Le mouvement Occupy a été joyeusement délogé à coup de matraque et de lacrymogènes partout à travers les États-Unis. Pendant ce temps, chez nous, on assiste à la trépidante saga corruption, à la mise en place du réjouissant Plan Nord et à l’avènement de la CAQ, sans compter les banales imbécillités de Harper. Et les centres d’hébergement pour itinérants et les banques alimentaires débordent. Pas de quoi se réjouir.
Parallèlement, l’agitation se fait sentir. En Égypte, la place Tahrir continue d’être la scène d’affrontements entre l’armée et le peuple échaudé. En Inde, des peuples indigènes constituent des barricades humaines pour empêcher le déplacement de leurs villages au profit de l’implantation de méga-projets miniers. Au Québec, l’impressionnante manifestation du 10 novembre laisse présager un hiver chaud pour les étudiants… et pour le gouvernement Charest. À bien plus petite échelle, depuis le 15 octobre des assemblées populaires dans la lignée du mouvement Occupy se tiennent tous les samedis devant l’Hôtel de Ville de Sherbrooke. Se profilent donc toutes sortes de mobilisations, qui n’ont évidemment pas la même profondeur, mais qui donnent une résonance à la grogne qui monte.
Comme à son habitude, l’équipe de rédaction avait décidé de vous déballer un superbe numéro de Noël. Vous l’aurez deviné, on a changé d’idée. Nous faisons le pari de profiter du temps des fêtes, de la dinde, des atocas et de la présence des gens qu’on aime pour essayer de comprendre ce qui cloche dans ce monde de fous et réfléchir à ce que nous pouvons mettre en oeuvre pour nous le réapproprier. Notre contribution en ce sens est de vous présenter la série de documentaires chocs Trou Story, Survivre au Progrès, La République. De toute façon, le cinéma des fêtes… C’est pas comme si on ne l’avait pas vu et revu.