Les citoyennes et citoyens de Sherbrooke sont appelés à participer au processus de réflexion sur un nouveau schéma d’aménagement et de développement de leur ville. Des soirées d’information, de consultation publique et de présentation de mémoires ont été tenues pour débattre de l’Énoncé de vision stratégique du développement culturel, économique, environnemental et social du territoire. Il semble que la Ville adopte cette fois une approche nouvelle, qui contraste avec le dernier traitement de ce dossier épineux.
Lors de la campagne électorale de 2009 à Sherbrooke, Bernard Sévigny, chef du Renouveau Sherbrookois, présentait son parti comme une véritable alternative politique.
À l’aube du processus d’actualisation du schéma d’aménagement et de développement, c’est la nouvelle approche des élus qui est perçue comme une alternative. D’ailleurs, Thierry Nootens, notamment connu pour son action au sein de la Coalition Sherbrooke milieu de vie et du mouvement populaire contre le plan d’urbanisme de 2006, avançait récemment des propos en ce sens. Dans son mémoire présenté en consultation publique le 30 mai dernier, il commentait l’approche des élus comme « Un changement de ton et une nouvelle attitude, marquée par plus d’ouverture, envers la prise de parole citoyenne. Un changement de priorité, sur le fond des choses ».
N’en demeure pas moins, comme l’avance Thierry Nootens, qu’il faille demeurer circonspect. Il est peut-être trop tôt pour crier au véritable renouveau. En effet, ce serait de considérablement sous-estimer la conjoncture entourant la stratégie d’aménagement du territoire que de réduire l’approche actuellement suivie par les élus à des considérations idéologiques.
D’une part, bien que l’énoncé respire le développement durable et semble ouvrir franchement la porte à la participation citoyenne, des valeurs ardemment défendues par le Renouveau Sherbrookois, l’heure de la prise de décision en matière de planification urbanistique n’a pas encore sonné au conseil municipal. Par ailleurs, il reste à voir si le maire Sévigny et ses trois co-élus du Renouveau feront preuve d’assez de leadership pour faire le pont entre la volonté et l’action.
Cela dit, la démarche d’actualisation du schéma d’aménagement et de développement se présente comme une véritable alternative par rapport à celle qui avait mené au rejet par un référendum, en 2007, du plan d’urbanisme proposé en 2006.
D’emblée, une distinction de taille s’établit entre l’approche de 2006 et le processus actuel: cette fois-ci, la révision du schéma lui-même n’est pas escamotée. Les élus semblent maintenant accorder une importance particulière au cadre d’ensemble du développement du territoire. Avant de passer au plan d’urbanisme et à la réglementation y afférant, ils s’arrêtent à la réflexion autour de sa structure maîtresse, qui date tout de même de 1988.
Une autre différence significative du processus actuel est l’aspiration plus crédible au développement durable. En effet, l’urbanisation ne semble plus représenter une fin en soi, mais plutôt un instrument permettant d’articuler de façon cohérente les préoccupations sociales, culturelles, environnementales et économiques, comme en témoignait l’introduction de l’urbaniste en chef de Sherbrooke, René Girard, à la soirée d’information tenue le 11 mai. Thierry Nootens soulignait d’ailleurs, un peu plus de deux semaines plus tard, lors de la présentation de son mémoire, que l’introduction de M. Girard, axée sur la problématique des changements climatiques, inscrit « la démarche de révision de l’urbanisme de notre ville dans le cadre d’un enjeu général ».
De plus, le processus actuel se démarque par la tribune qu’il semble offrir aux citoyens. En fait, au-delà de l’approche plus globale, une démarche exclusive de consultations est entamée pour approfondir la réflexion en matière de développement commercial. Comme il s’agit d’un dossier particulièrement sensible à Sherbrooke depuis quelques années, il paraît pertinent de l’aborder de façon directe avec les Sherbrookois et Sherbrookoises.
Sur une note plus réaliste, en dépit de toutes ces facettes à première vue positives et inédites, il ne faut pas oublier le rôle que peuvent jouer les vestiges du passé en matière d’urbanisme à Sherbrooke. Sans prétendre que le Renouveau n’y est que pour peu dans la nouvelle approche des élus, il faut néanmoins reconnaître que cette fois, la démarche devait innover pour ne pas répéter les erreurs du passé. Or, le véritable renouveau ne pourra être décrété que si s’érige le leadership nécessaire à la concrétisation de cette ville promise.