ÀpprofonDire, c’est le titre du dernier album du poète sherbrookois David Goudreault. Mais c’est aussi ce qu’il a fait, approfondir son art, à travers les seize slams mis en musique qu’il offre au public depuis ce printemps. Les 66 minutes du cd passent à la vitesse de l’éclair, sans toutefois se faire oublier, car David Goudreault ne badine pas, il brandit son slam pour aller plus loin encore.
Dès la première écoute, c’est frappant : les textes sont plus sombres, plus introspectifs, sans toutefois perdre l’espoir ni le brin de cynisme qui habite ce doux cogneur de mots. La réalisation est impeccable, l’ensemble paraît travaillé et réfléchi. Quelques morceaux détonnent un peu au départ, je pense à la pièce « Le Saint-Je » ou à « Chants de Batailles », mais on finit par les apprécier, ou par ne pas trop s’en formaliser, car c’est un album qui invite certainement à la réécoute.
D’ailleurs, David Goudreault s’aventure légèrement en terrain moins connu. Il adapte ainsi un texte du Moyen Âge, « La Griesche d’Hiver » de Rutebeuf, d’une façon juste et émouvante. De plus, avec « Noire Lumière », il ose le blues-slam tout en parlant d’esclavagisme sur le chant de Blind Willie Johnson : dérangeant et réussi.
Les fidèles amateurs du slameur y trouveront aussi leur compte. Plusieurs textes qui ont connu du succès sont repris sur l’album, notamment « Meurtre de soi », « Mathys », « La 55 en hiver » ou « Fils de Pub », mais sans tomber dans les périls de la reprise « moins bonne que l’original ». Il réinvente ses textes sans les dénaturer. Le disque compte finalement plusieurs collaborations, entre autres avec Mathieu Lippé, Queen Ka et Gaële.
Chaque aspect s’emboîte pour former un tout soigné et saisissant, avec un fil conducteur plus évident que dans son précédent album, Moins que liens. Avec ÀpprofonDire, David Goudreault monte la barre d’un cran et s’affirme comme un artiste incontournable du slam au Québec.