« Ici se trouvent les topinambours, et juste à côté, les petits pois mange-tout », m’explique Gabriel Rébêlo lors d’un tour guidé du Jardin collectif des nations. Ce terrain vacant sur la rue Pacifique, bordé, d’un côté, par l’ancienne usine de textile C.S. Brooks et, de l’autre, par un grand boisé, s’est transformé au printemps en un véritable chantier d’agriculture urbaine.
Mais qu’est-ce qu’un jardin collectif? Vous avez sans doute entendu parler des jardins communautaires. Ce sont de grands espaces cultivables divisés en plus petits potagers où plusieurs personnes travaillent leur parcelle individuellement.
Rébêlo, le coordonnateur du projet, explique que le jardin collectif est une initiative de quelques personnes qui faisaient partie d’un jardin communautaire et qui ont décidé qu’elles voulaient travailler ensemble. « Au jardin collectif, tout le monde décide ensemble comment organiser le jardin, quelle forme lui donner, quoi planter et quand planter », assure-t-il.
Ce lopin de terre appartenant à la Ville de Sherbrooke a été délaissé pendant plusieurs années et Rébêlo se souvient qu’il n’y a pas longtemps, les personnes formant le collectif ont dû travailler fort et être persuasives pour convaincre la municipalité de les laisser réaliser leur fameux projet.
« Dans un premier temps, il s’agissait de monter un projet crédible », se rappelle Rébêlo. « Personne à la municipalité n’avait entendu parler d’un jardin collectif. Mais les élus étaient quand même ouverts à la pratique de l’agriculture urbaine. » Après qu’ils aient vendu leur idée, les démarches se sont enchaînées.
Rébêlo explique qu’avant de défricher et de détourber la terre, il y avait plusieurs étapes à franchir. « Il fallait changer le zonage du terrain, signer un bail avec la Ville, acquérir un permis de construction pour un petit abri et ensuite, analyser le sol pour déterminer s’il était contaminé », relate-t-il.
Une fois cela terminé, les jardiniers étaient prêts à mettre en marche l’un des premiers jardins collectifs à Sherbrooke.
Alexandre Provost, le responsable de l’aménagement du jardin, insiste sur l’originalité du projet et sur son aspect hautement créatif. « Nous n’avons pas un grand budget, alors il faut faire des efforts pour combler nos besoins. Nous dépendons aussi du collectif pour les semences et les outils. »
Pour Jordan Jack, un des jardiniers, qui vient de Vancouver, ce modèle présente plusieurs avantages. Par exemple, s’il décide de voyager pendant quelques semaines cet été, il n’a pas à s’inquiéter de l’entretien du jardin. « J’ai hâte de retourner chez moi avec des tomates après la récolte, mais c’est aussi une opportunité de rencontrer des nouvelles personnes et de pratiquer mon français », admet Jack, qui est à Sherbrooke depuis le mois de janvier.
Quant à Geneviève Desgagnés, c’est le dynamisme du groupe qui l’attire. « Nous sommes tous libres de lancer des idées et ensuite, tout le monde rajoute ce qu’il pense, alors on a de meilleurs résultats que si on travaillait tout seuls. »
Mais le jardin collectif n’est quand même pas sans obstacles. « Nous ne savons jamais à quoi nous attendre quand on met nos pelles dans le sol, explique Provost. Parfois, on trouve des morceaux d’asphalte ou de métal et parfois, des endroits très sablonneux. » Mais en général, le sol est plutôt argileux, ce qui est bon pour les cultures.
Maintenant que les plus gros défis ont été relevés, c’est à dame nature de décider si les récoltes vont porter fruit.
Pour plus d’informations, visitez le jardincollectif.atestrie.com