À l’heure où l’érotisation des filles prépubères n’étonne guère plus, qu’on enregistre un nombre croissant d’ITS chez les adolescents et que la «culture du viol» se fait davantage pernicieuse, il importe que les cours d’éducation à la sexualité fassent leur retour à l’école. Même que cela presse! Rappelons qu’il y a plus d’une décennie que ces cours ont été abolis du cursus scolaire et que cela n’est pas sans conséquence (santé publique, mœurs, relations homme-femme, etc.) Parlez-en aux différents intervenants sur le terrain.
C’est bien beau parler de Fifty Shades of Grey dans la cour d’école, mais disons que cela limite les perspectives. On ne le dira peut-être jamais assez, mais les jeunes ont besoin d’un lieu et d’un temps pour discuter de sexualité, mais également d’amour et d’amitié. Plus encore, les jeunes ont «besoin d’images, d’un message et d’un discours qui viennent rivaliser avec le message ambiant», de soutenir la sexologue Jocelyne Robert.
Aujourd’hui, qui parle de sexualité à nos jeunes à l’école? Au mieux quelques intervenants scolaires, des travailleurs de rue de passage, l’infirmière de l’école, et puis c’est tout… C’est que depuis 2001, année du retrait des cours, l’éducation sexuelle aux jeunes est devenue la responsabilité de tous, et ce faisant, l’affaire de personne en particulier. Et c’est bien là le problème!
De la sorte, il est primordial que la population se mobilise. Qu’elle fasse entendre haut et fort aux élus qu’elle est en faveur d’une réintroduction des cours d’éducation à la sexualité (tant au niveau secondaire que primaire). Elle peut même compter sur l’Organisation mondiale de la santé (OMS), celle-ci qui recommandait en début d’année des cours sur la sexualité dès l’âge de 12 ans.
À quand un retour des cours d’éducation à la sexualité?
À cet égard, il existe présentement une pétition sur le site de l’Assemblée Nationale qui demande au gouvernement du Québec et au ministère de l’Éducation «d’instaurer des cours spécifiques d’éducation à la sexualité dans une perspective de rapports égalitaires, non sexistes et non hétéro sexistes.» On y fait notamment mention de «l’augmentation de l’exposition des jeunes aux modèles sexuels réducteurs sur les nouveaux médias» et de «l’influence néfaste de la pornographie sur l’image que se font les jeunes garçons et les jeunes filles de la sexualité».
Dans le cas où les cours d’éducation à la sexualité feraient leur retour en milieu scolaire, il est à souhaiter que les intervenants responsables seront dûment formés et qualifiés. Il ne faut pas que cette tâche considérable soit assignée à n’importe qui.
Quant à la forme que prendront les cours, il importe que les cours ne mettent pas toute l’emphase sur le système reproductif et la prévention des ITS, mais s’emploient à ce que chaque jeune puisse développer une meilleure estime de soi et un sens critique face à la sexualité. En effet, l’éducation à la sexualité est une formidable occasion de sensibiliser et d’éduquer à la gestion des émotions et des comportements. Mais également d’éduquer à la saine communication, aux notions de respect, à l’empathie, à la dignité humaine, à la considération des besoins de l’autre, à l’affirmation de soi, au consentement. Les cours pourraient ainsi aisément prendre le nom d’Éducation relationnelle, affective et sexuelle.
Par ailleurs, à ceux qui avancent que l’éducation sexuelle est une tâche qui incombe aux parents et que la réintroduction de l’éducation sexuelle reviendrait à déresponsabiliser ceux-ci, répliquons qu’il n’est pas toujours aisé pour les parents d’aborder la question de la sexualité avec leur(s) enfant(s). Certains sont mal outillés ou bien sont mal à l’aise devant le sujet. Et ainsi, l’école devient un bon complément à l’éducation sexuelle reçue ou non à la maison.