Quand Bernard Sévigny s’est vu refuser son projet de réforme en mai 2012, au lieu de prendre son courage à deux mains pour convaincre une seule personne (la voix qui lui manquait pour avoir les 2/3 des voix selon la loi), confiant, il a plutôt gardé son projet sur la glace.
Allant jusqu’à refuser d’en débattre lors de la campagne de 2013. Contrairement à la faible marge de 122 voix en 2009, les élections lui étaient acquises parce qu’il plaisait autant aux péquistes qu’aux libéraux : 73,4 % des voix. Ces libéraux étant élus majoritaires au provincial en avril 2014, Bernard Sévigny y a vu la possiblité de faire alliance avec Luc Fortin pour contourner l’opposition (et éviter de consulter la population) en passant par un projet de loi privé. La Commission parlementaire jugeant l’affaire était une mauvaise blague jugée d’avance. Témérité. La population a perdu. Mais elle aura sa revanche aux élections de 2017 en lui indiquant la sortie de façon aussi imprévue que retentissante : cette fois, 2/3 des voix étaient contre lui.
Plutôt que de faire face à l’adversité, il a préféré se retirer pendant deux ans pour écrire un livre où il décrit toutes les personnes qui sont responsables de sa défaite. Dont moi. Sans les nommer. Sans courage donc.
Assumer ses choix
Il faut du courage pour faire des choix. Et encore plus pour les assumer.
C’est le problème auquel fait face Danielle Berthold : elle a fait le choix de la taxe piscine et ne voulait pas assumer les conséquences de ce choix. En démissionnant de l’Exécutif après avoir voté pour la taxe, elle mécontentait à la fois la mairesse, les membres de son parti ET l’opposition. Elle aurait pu voter contre la taxe (comme elle s’est déjà opposée au moins une dizaine de fois à l’Exécutif) en se faisant expliquer quelles étaient ces fameuses « conséquences ». Elle l’a interprété comme une menace à son poste; ça aurait pu être les conséquences financières que la Ville devrait supporter (c’est la version de la mairesse).
Nous apprenions ce matin (15 avril) que, suite à sa démission de l’Exécutif, la mairesse lui retire AUSSI la présidence du Conseil, poste qu’elle chérissait. La voilà « Gros-Jean comme devant ». Prévisible. Témérité.
Il faut comprendre que le Décret créant la Ville prévoit que « Le comité exécutif de la ville se compose du maire et de trois ou quatre membres désignés par le maire parmi les membres du conseil. Le maire peut en tout temps remplacer un membre du comité exécutif », « Le maire préside les séances du conseil; s’il le désire, il peut nommer un conseiller comme président » et il en va de même pour l’Exécutif.
En langage clair : ces nominations ou démotions appartiennent à la mairesse seule. C’est pourquoi ces nominations n’ont pas à être approuvées par le Conseil comme les autres nominations sur les commissions, paramunicipales ou régies. Quand on fait le choix d’accepter un tel poste, on doit assumer ce choix. Parfois avec courage quand les positions s’entrechoquent.
Et maintenant ?
Bien sûr, l’opposition soulève que maintenant l’Exécutif n’est composé que de membres du parti et blablabla. Quand on regarde ceux qui composent l’opposition, hormis madame Berthold, il reste sept personnes. Si on retranche celles qui se sont toujours opposées farouchement à la mairesse, ont déjà refusé des postes voire démissionné de postes importants en laissant les autres écoper à leur place, il n’en reste pas beaucoup. Ça prendrait beaucoup de courage de la part d’une personne pour faire ce choix (que les autres de l’opposition vont certainement lui reprocher) et l’assumer pour le reste du mandat. Avec compétence.
Et la mairesse ?
Je la vois aller depuis dix ans. Elle fait des choix auquels je m’oppose parfois, souvent. Des choix qui ne sont pas les miens. Comme de fonder un parti, mettre en place les commissions dès le début du mandat, certaines nominations, les taxes sur les piscines et les surfaces imperméabilisées notamment. Mais ce sont les choix qu’elle a fait et qu’elle assume.
Est-ce du « courage » ou de la « témérité » ?