Parler de stéréotypes n’est jamais très glorieux. C’est même fréquemment un sujet glissant dans une conversation… C’est toutefois sous-estimer leurs impacts que de choisir de les ignorer.
En effet, personne n’y échappe, et nous y sommes tous et toutes confrontés au quotidien. Il est possible de décrire les stéréotypes comme des attentes implicites par rapport à des individus ou à des groupes sociaux. Ce sont des normes culturelles qui se sont bâties collectivement et qui font partie intégrante du processus de socialisation.
Les stéréotypes sexuels sont plus évidents à percevoir. Ce sont des caractéristiques attribuées à un sexe ou à un autre, selon que l’on soit une femme ou un homme. Ces stéréotypes sous-entendus sont lourds de conséquences. En effet, notre développement comme individu peut parfois se retrouver limité par ces stéréotypes. Tous et toutes ne sont pas à l’aise dans le rôle stéréotypé associé au sexe biologique féminin ou masculin et aux comportements et attitudes qui leur sont généralement réservés. On pourrait croire qu’ils sont moins présents aujourd’hui puisque les rôles traditionnels ne sont plus dictés par l’État ou l’Église, par exemple. Toutefois, ceux-ci continuent d’être véhiculés de plusieurs autres façons : littérature, médias, attentes parentales, etc.
Les principaux stéréotypes sexuels demandent aux femmes et aux hommes, de façon implicite, de se comporter d’une certaine façon afin d’être acceptés socialement. Et puisque le sentiment d’appartenance est un besoin humain tout à fait légitime intrinsèquement lié à l’estime de soi sociale, il est normal de vouloir y adhérer, tout comme de ne pas se sentir interpelé par ces stéréotypes. L’image corporelle est aussi touchée lorsque l’on demande aux femmes et aux hommes de ressembler à un modèle de beauté unique. Ce modèle devient la norme, celle qui s’intègre comme étant notre définition collective de la beauté, alors que la beauté est beaucoup plus subjective.
L’idée est que l’on devrait pouvoir se sentir libre d’adhérer ou non aux stéréotypes sans conséquences sociales. Malheureusement, la non-réponse aux standards entraine des inégalités : une personne qui ne s’y conforme pas sera considérée comme «marginale», ce qui n’est pas sans conséquence, même lorsque la marginalité fait partie d’une réflexion consciente sur l’intégration ou non à la société. Cette situation peut amener les gens à prendre des moyens qui ne sont pas toujours sains pour se sentir intégrés, besoin tout à fait légitime, nous l’avons dit : les régimes, les problèmes d’estime de soi, d’image corporelle, le bronzage, l’entrainement à outrance, le blanchiment des dents, les chirurgies esthétiques, l’emploi de produits de beauté toxiques, les médicaments amaigrissants ou les troubles alimentaires, par exemple, sont tous reliés de près et/ou de loin aux stéréotypes sexuels.
L’auteure est intervenante chez Arrimage Estrie.