On l’a connu sous le pseudonyme du Docteur Crédible Berlingot, puis celui de Simon Robert. Simon Landry en a épaté plus d’un ces dernières années en se présentant aux dernières élections fédérales, et cet été, en remportant le championnat mondial de slam 2013. Je l’ai rencontré afin d’en savoir plus sur son état d’esprit.
(AD) Tu dis avoir passé à autre chose concernant le Docteur Berlingot. As-tu abandonné ce côté de toi conspirateur et revendicateur?
(SL) Non. J’espère un jour faire un autre projet avec Berlingot et faire un autre album. Mais c’est beaucoup de travail et j’ai ni le temps, ni l’argent pour l’instant de faire ça. J’ai une couple d’idées et de chansons qui traînent dans mon tiroir, et j’attends. Un moment donné ça sera le bon temps.
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(AD) Pourquoi promettre des fontaines de jus d’orange partout au centre-ville? Est-ce que c’est un parti pris pour le jus d’orange ou ça aurait pu aussi bien être du jus de pomme ou de raisin?
(SL) Par tradition rhinocéresque. Robert Charlebois, quand il s’est présenté au Rhinocéros, il avait promis des fontaines de jus d’orange à tous les coins de rue. Donc c’est pour reprendre cette promesse-là à chaque campagne. Je n’y tenais pas particulièrement : ça aurait pu être des fontaines de quoi que ce soit d’autre.
(Lorsque je mentionne l’important lobby des compagnies de jus d’orange au Québec en politique et auprès de nos humoristes locaux, M. Landry révise sa position)
(Jurons) J’avais pas pensé à ça… On va être plus safe, on va faire des fontaines de jus de patate. Ça, ça pousse ici, et le racket de patates est moins fort.
(AD) Est-ce qu’on trouve beaucoup de vitamine C dans les patates?
(SL) J’pense pas. Ç’a fait mourir beaucoup d’Irlandais, les patates.
(AD) Et est-ce que c’est rafraîchissant comme jus?
(SL) J’en ai aucune idée… j’ai jamais goûté à ça.
Au sujet de son avenir
(AD) Qu’est-ce que 2013-2014 te réserve maintenant que tu as été couronné champion mondial de slam? Prévois-tu enlever ta chemise comme David Goudreault?
(SL) Ben, j’ai encore envie de slamer et j’pense me réessayer sur la compétition l’an prochain. J’ai des textes pour ça. Le slam a toujours été un loisir pour moi. Pis j’ai pas envie que ça cesse. Mais d’en faire un show professionnel et de pousser dans cette direction-là, c’est moins mon truc. J’ai toujours dit que j’étais un musicien avant d’être un slameur. Le slam m’a réussi, tant mieux, mais je suis toujours un musicien. Mes gros projets sont de finir mes études en musique et de continuer avec mon quatuor vocal (Les Gigoloz).
(AD) Du moment que tu gardes ta chemise. (Je pointe sa chemise) C’est une belle chemise ça. Est-ce que c’est un produit local? C’est du tissu qui vient de Sherbrooke?
(SL) (Il s’éclaircit la voix) Oui, c’est du tissu de quenouille… du marais Réal-Carbonneau.
(AD) Ah, je ne savais pas qu’on fabriquait des chemises là-bas?
(SL) Non, c’est une production qui se fait en dessous de la table, illégalement.
(AD) Ou comme on dit dans le jargon des marais : en dessous des pilotis?
(SL) Oui! C’est du monde qui vont en dessous des pilotis la nuit, avec leur suit d’hommes-grenouilles, ils ramassent les quenouilles en cachette, pis après ça ils font les chemises dans le sous-sol de l’Hôtel de Ville. Y a des petits nains qui tissent le tissu et qui vendent ça sur le trottoir.
Champion du monde de slam
(AD) Comment te sentais-tu après avoir gagné la coupe du monde de slam?
(SL) J’ai été le meilleur à un moment précis, un soir précis, à un endroit précis, c’est tout. D’après moi, l’Espagnol, c’était lui le meilleur. S’il n’a pas passé, c’est qu’il a mal joué ses cartes. Il est rentré avec son meilleur slam dans la première ronde. Mais le point, c’est que les juges en slam sont prévisibles : ils vont toujours aller en scorant de plus en plus fort, et vers le 2/3 ou 3/4 de la soirée, ils se branchent sur celui qu’ils veulent faire gagner et donnent des grosses notes à celui-là. C’est comme ça que ça se passe. Les juges sont prévisibles en slam.
(AD) Une dernière question piège : as-tu un message que tu aimerais faire passer à la relève artistique?
(SL) La compétition en slam : c’est une joke, instaurée pour accrocher les médias et mettre le suspense entre les poètes et les classer parce que ça pogne. Y a un proverbe en slam qui dit : « les meilleurs poètes ne gagnent jamais. » Donc voilà : faut pas prendre ça au sérieux. J’ai un titre de champion du monde, ça paraît bien dans les médias, mais ça veut pas dire que j’suis le meilleur au monde, ça veut juste dire que j’ai été le meilleur ce soir-là. même pas : ça veut juste dire que les juges m’ont préféré ce soir-là.