DÈS MARS, LA PRÉCARITÉ S’EST FAIT RESSENTIR : POUR BEAUCOUP, QUI TENAIENT EN ÉQUILIBRE TANT BIEN QUE MAL, LA PANDÉMIE A ÉTÉ CE QUI LEUR A FAIT PERDRE PIED. LES DEMANDES D’AIDE DANS LES ORGANISMES COMMUNAUTAIRES ONT BONDI EN FLÈCHE ET ON S’EST VITE RENDU COMPTE QUE NOTRE SYSTÈME, NOTRE FAMEUX « FILET SOCIAL », ÉTAIT GRANDEMENT INSUFFISANT. ON Y A DÉCOUVERT DES TROUS BÉANTS, QUI LAISSAIENT PASSER DES GROUPES ENTIERS DE PERSONNES DEPUIS LONGTEMPS ET DONT ON AIMAIT BIEN TAIRE L’EXISTENCE. LE CONFORT DE NOTRE IGNORANCE A ÉTÉ DÉRANGÉ.
Tout de suite, les organismes communautaires ont fait face, comme d’habitude, avec les moyens du bord : de la Chaudronnée qui a su continuer à distribuer des boîtes à lunch au Partage Saint-François qui a monté un chapiteau d’urgence. Souvent sous-financés et surchargés, ces groupes ont trouvé le moyen d’en donner plus encore.
Notre « seuil de mesure de la pauvreté », la mesure du panier de consommation, a été mis à jour au début de l’année 2020, pour refléter la réalité de l’augmentation de coûts de base nécessaires à la vie. Pourtant, aucune des mesures de dernier recours, notamment l’aide sociale, n’a été augmentée en conséquence. Les personnes sur l’aide sociale avec le plus petit chèque ne reçoivent maintenant que 49 % de ce qu’on considère le minimum. Elles et ils ne sont pas seul.e.s : un nombre grandissant de familles se retrouvent incapables de combler leurs besoins de base, et ce malgré les mesures d’urgence mises en place.
Malheureusement, la pandémie n’est pas la seule responsable de l’état de plus en plus pitoyable de notre filet de protection sociale. Des années d’austérité, de coupures et de mauvaise gestion ont précipité de nombreuses familles dans le gouffre, et la crise n’a fait qu’accélérer le processus et souligner nos failles. Les inégalités grimpent en flèche depuis des années : les riches accumulent alors que tous et toutes les autres stagnent au niveau de leur revenu ou pire encore, s’appauvrissent tout en travaillant de plus en plus. Les droits fondamentaux de plusieurs sont compromis ou même carrément bafoués, à une époque où, pourtant, le monde est plus riche que jamais.
Ce sont les raisons pour lesquelles la TACAE et ses partenaires revendiquent haut et fort, depuis des décennies et pour les temps difficiles à venir, des mesures sociales afin de conserver la dignité de chacune et chacun. Ça passe, entre autres, par un salaire minimum substantiellement plus élevé que notre 13,10 $ de l’heure et une bonification majeure de l’aide sociale et de toutes les mesures de protection sociales. Mais ce n’est pas tout : la lutte à la pauvreté exige aussi un accès universel et sans discriminations à des services publics de qualité, à un système d’éducation gratuit du primaire à l’Université et à des logements décents et abordables.
Ça semble impossible? Détrompez-vous ! De nombreuses études ont été publiées au Québec, au Canada et partout dans le monde, qui prouvent que l’élimination de la pauvreté est non seulement réalisable, mais nécessaire. Nous en avons amplement les moyens et des solutions existent, tant pour aller chercher des fonds dans les bonnes poches que pour améliorer l’efficacité de nos dépenses publiques.
Le plus important, au fond, c’est de se rappeler que la pauvreté nous coûte bien plus cher si on ne s’en occupe pas du tout, juste un peu, ou bien tout croche. Nous vivons dans un pays riche et le fait que certaines personnes vivent de la pauvreté est non seulement déplorable, mais carrément inacceptable.
Notre portrait de l’année peut sembler sombre, mais nous tenons à souligner l’exceptionnel travail réalisé par des actrices et acteurs du milieu communautaire et militant, qui ont su, envers et contre tout, continuer un travail exigeant, mais ô combien nécessaire, tant sur le terrain que sur la scène politique. En se souhaitant à toutes et à tous de grandes victoires au cours des prochaines années et une solidarité riche et partagée !